Summary: Il est parfairtement homme...

IV. JÉSUS CHRIST, LE FILS DE L’HOMME

Le témoignage rendu par les Écritures à la parfaite et pure humanité du Seigneur Jésus, est d’une importance fondamentale. Christ était vraiment homme né comme nous, d’une femme, bien que la source de son existence et la manière dont il fut conçu, avait été foncièrement dif-férentes des nôtres. C’est dans l’évangile de Luc surtout que notre Sauveur nous est présenté sous son caractère de Fils de l’Homme.

LA NAISSANCE DU SEIGNEUR JÉSUS

« Et au sixième mois, l’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, nommée Na-zareth, à une vierge fiancée à un homme dont le nom était Joseph, de la maison de David ; et le nom de la vierge était Marie. Et l’ange étant entré auprès d’elle, dit : Je te salue, toi que Dieu fait jouir de sa faveur ! Le Seigneur est avec toi ; tu es bénie entre les femmes. Et elle, le voyant, fut troublée à sa parole ; et elle raisonnait en elle-même sur ce que pourrait-être cette salutation. Et l’ange lui dit : Ne crains pas, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Et voici, tu concevras dans ton ventre, et tu enfanteras un fils, et tu appelleras son nom : Jésus. Il sera grand, et il sera appelé le Fils du Très-haut ; et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son Père ; et il règnera sur la maison de Jacob à toujours, et il n’y aura pas de fin à son royaume. Et Marie dit à l’ange : Comment ceci arrivera-t-il puisque je ne connais pas d’homme ? Et l’ange répondant, lui dit : l’Esprit saint viendra sur toi et te couvrira de son ombre ; c’est pourquoi aussi la sainte chose qui naître sera appelée Fils de Dieu. »

« Et il arriva pendant qu’ils étaient là, que les jours où elle devait accoucher s’accomplirent ; et elle mit au monde son fils premier-né, et l’emmaillota et le coucha dans la crèche, parce qu’il n’y avait pas de place pour eux dans l’hôtellerie » (Luc I, 26 ; II, 6-7.)

Le mystère de l’incarnation doit être l’objet de notre adoration et non pas de nos raisonnements. Même la formation d’un enfant ordinaire dans le sein de sa mère est chose mystérieuse ; combien plus la formation du corps de Jésus dans le sein de la Vierge Marie. Sa conception est un miracle opéré par le Saint Esprit. La conduite de Joseph est une merveille de sainte révérence et d’obéissance de la foi, de sorte que Marie ne fut exposée en rien à l’opprobre de la part du monde. L’ange du Seigneur annonce l’introduction du Premier-né dans sa propre création, et apaise les craintes de Joseph, de sorte qu’il prend Marie chez lui. « Car ce qui a été conçu en elle est de l’Esprit Saint ; et elle enfantera un fils, et tu appelleras son nom Jésus. » C’est ainsi que débute la vie du Fils de l’Homme ici-bas. Il est l’homme parfait devant Dieu, l’homme selon le cœur de Dieu, en qui la plénitude de déité habita corporellement. Jésus est né de femme, né sous la loi, Emmanuel, Dieu avec nous. Quel mystère : Dieu et l’homme unis en une seule Personne !

Le grand mystère de la piété allait avoir son point de départ dans la manifestation en chair de Dieu lui-même. Sa naissance est surnaturelle, autant que sainte et sans tache. Le Médiateur entre Dieu et les hommes était venu, la réconciliation et la paix avec Dieu, sont présentés à l’humanité perdue. Qui aurait pensé qu’un être tel que Lui naîtrait de cette manière, et dans un tel lieu ? Qui aurait pensé qu’une jeune fille inconnue à tous ceux qu’on estimait dans ce monde, fiancée à un pauvre charpentier, deviendrait la Mère du Sauveur du monde ? Marie est un vase d’élection ; elle a trouvé grâce aux yeux de Dieu ; elle était favorisée par la grâce souveraine et bénie entre les femmes.

Celui qui était annoncé par l’ange était un enfant vraiment conçu dans le sein de Marie qui l’a enfanté au temps réglé par la nature humaine par Dieu lui-même ; il serait « grand et appelé Fils du Très-haut. » Avant que le monde fût, il était le Fils du Père ; comme enfant né de femme, il porte le titre de Fils du Très-haut, titre glorieux pour un homme réel. Le Saint Esprit viendrait sur Marie et agira en puissance sur ce vase de terre, sans la volonté de celle-ci, ni celle d’aucun homme. Dieu est donc la source de la vie de l’enfant promis à Marie. Saint par naissance, conçu par l’intervention de la puissance de Dieu agissant sur Marie, l’enfant serait appelé Fils de Dieu. La sainte chose née en vertu de la conception miraculeuse aurait le nom divin qu’au ciel il avait porté depuis l’éternité. Jésus « est sur toutes choses, Dieu béni éternel-lement » (Romains IX, 5.)

Au chapitre second de Luc, nous est dépeint le cadre au milieu duquel la naissance eut lieu. « Quand l’accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi » (Galates IV, 4.) Le quatrième empire, prédit par Daniel étendait son sceptre sur un monde civilisé. Pour que l’écriture s’accomplisse, Dieu se servit d’un édit de César Auguste, le premier empereur romain, qui prescrivait le recensement de la population de l’empire. Ainsi Marie et Joseph se rendirent de Nazareth où ils habitaient, à Bethléhem ; où selon la prophétie de Mi-chée, Jésus devait naître.

Le lieu où naquit le Fils de Dieu est significatif. Il n’y a pas de place pour Lui dans le monde, et même pas dans l’hôtellerie ; le Créateur de l’univers n’a qu’une crèche à sa disposition. Il a terminé sa vie sur la croix, et avant cela, il n’avait pas un lieu pour déposer sa tête. Il a parti-cipé à toute la faiblesse et à toutes les circonstances de la vie humaine : « il dut, en toutes choses, être rendu semblable à ses frères » (Hébreux II, 17.) « Il a été tenté en toutes choses comme nous » (Hébreux IV, 15.)

Celui qui « s’enveloppe de lumière comme d’un manteau et qui étend les cieux comme une ten-ture », fut emmailloté, couché dans une crèche ; merveille d’abaissement et d’humiliation vo-lontaire ! Ce petit enfant est cependant l’objet de tous les conseils de Dieu, le soutient et l’héritier de la création tout entière, le Sauveur de tous ceux qui hériteront de la vie et de la gloire. Mais il n’y a pas seulement cette pauvreté et cette petitesse, car dans les champs, les anges manifestent leur intérêt pour cet événement incomparable. Une multitude de l’armée céleste proclame la gloire ineffable du nouveau-né et annonce que la présence du Fils de Dieu sur la terre est la base de la paix universelle qui, un jour, sera établie ici-bas.

« Gloire à Dieu dans les lieux très-hauts, et, sur la terre, paix ; et bon plaisir dans les hommes » (Luc II, 14.) Ce bon plaisir est dans l’Homme Christ Jésus, et par Lui, ce bon plaisir est dans tous les hommes qui se réfugient en Lui.

L’ENFANCE DE JÉSUS

« Et quand il eut douze ans, comme il était monté à Jérusalem, selon la coutume de la fête… l’enfant Jésus demeura dans Jérusalem, et ses parents ne le savaient pas… Et il arriva qu’après trois jours, ils le trouvèrent dans le temple, assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant. Et tous ceux qui l’entendaient s’étonnaient de son intelligence et de ses réponses… Et il leur dit : Pourquoi me cherchez-vous ? Ne savez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père… ? Et il descendit avec eux et vint à Nazareth, et il leur était soumis… Et Jésus avançait en sagesse et en stature et en faveur auprès de Dieu et des hommes » (Luc II, 41-52.)

Jésus ne vint pas au monde comme Adam, qui fut formé homme adulte, mais il dut croître. Les quelques traits de son enfance racontés dans les Écritures sont d’une valeur inestimable pour notre âme. Sa nature humaine est toujours remplie de Dieu, les délices et la beauté d’une telle enfance touchent nos cœurs. Quoique comme enfant, il fut obéissant à ses parents, il était toujours conscient de sa gloire comme Fils de Dieu. Son intelligence humaine se développait. Enfant parfait, il devint un homme adulte parfait. La plante adorable croissait et se dé-veloppait devant Dieu et devant les hommes. S’il était Fils de Dieu et en avait la conscience, il était tout ce qu’un enfant doit être, mais il l’était en perfection. La relation avec son Père lui était aussi connue que son obéissance à Joseph et à sa mère était belle, convenable et parfaite.

LE BAPTÊME AU JOURDAIN

« Et il arriva que, comme tout le peuple était baptisé, Jésus aussi étant baptisé et priant, le ciel s’ouvrit ; et l’Esprit Saint descendit sur Lui, sous une forme corporelle, comme une colombe ; et il y eut une voix qui venait du ciel : Tu es mon Fils bien-aimé ; en toi j’ai trouvé mon plaisir » (Luc III, 21-22.)

Tout dans ce monde nous fait désespérer de l’humanité, mais lorsque nos pensées se concen-trent sur l’Homme qui a satisfait le cœur de Dieu, notre cœur trouve son repos et une satisfac-tion profonde. Le ciel même s’est ouvert pour rendre témoignage que cet homme est le Fils de Dieu. Jésus, le Fils de l’Homme, le dernier Adam, est bien différent du premier Adam, qui abandonna Dieu pour un fruit. Il est dépendant, il prie. Et c’est lorsqu’il prie que le ciel s’ouvre, car l’Homme dans sa perfection est un homme dépendant, qui vit par la foi et par la prière.

La racine du péché d’Adam était la propre volonté, l’indépendance, mais le secret de la perfec-tion de Christ est sa dépendance absolue. Il marche parfaitement avec son Dieu. L’amour de Dieu est satisfait en voyant un Homme humble, dont toute la marche exprime : « Je me confie en toi » (Psaume XVI, 1.) C’est alors que le Saint Esprit descend sur Lui comme une colombe qui, en contraste avec celle de Noé, a trouvé un lieu pur pour poser la plante de son pied au milieu de l’océan du péché et de la rébellion.

Ensuite le Père exprime son affection pour le Fils, et les relations entre Dieu et l’homme sont ainsi rétablies, parce que le ciel est ouvert, non sur un être assis dans les lieux très-hauts, mais sur un Homme qui était sur la terre. C’est en cet Homme que l’humanité est invitée à la communion avec Dieu, dans son Fils bien-aimé. Certes, seul le croyant en jouit, mais le chemin est ouvert pour tous.

LE MINISTÈRE DU SEIGNEUR

« Et il vint à Nazareth où il avait été élevé ; et il entra dans la synagogue au jour du sabbat, se-lon sa coutume, et se leva pour lire. Et on lui donna le livre du prophète Ésaïe ; et ayant déployé le livre, il trouva le passage où il était écrit : l’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour publier aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue ; pour renvoyer libres ceux qui sont foulés, et pour publier l’an agréable du Seigneur. » - « Et ils s’étonnaient de sa doctrine parce que sa parole était avec autorité » (Luc IV, 16-20, 32.)

Après la tentation dans le désert, où il vainquit Satan en citant les Écritures, le Seigneur Jésus commença son ministère. Après avoir lié l’homme fort, il entreprit de lui arracher ses proies et de libérer ses captifs. Il pouvait accomplir alors son ministère sans aucune entrave. Sa parole avait de la puissance sur les consciences. Il apportait la grâce accompagnée d’une grande puissance, pardonnant les péchés et guérissant les maladies. Dieu agissait ainsi dans un Homme rempli du Saint Esprit. Par sa grâce, tous les cœurs étaient attirés à Lui, car ils trouvaient un objet auquel ils pouvaient s’attacher. Cette grâce est adressée à un cercle plus étendu que la nation d’Israël, preuve que la vraie grâce est universelle. Quiconque en a besoin est le bienvenu ; la grâce agit donc autant en faveur des gentils qu’en faveur d’Israël. En outre, la grâce s’adresse aux personnes de toutes les classes, pourvu qu’elles en ressentent le besoin.

« Ceux qui sont en bonne santé n’ont pas besoin de médecin, mais ceux qui se portent mal. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais des pécheurs à la repentance » (Luc V, 31-32.)

La grâce est comme un vin nouveau qui ne peut pas être mis dans de vieilles outres. Les formes et les rites de l’homme sont mis de côté là où la vraie grâce de Dieu intervient. La grâce est l’amour qui triomphe du mal, l’amour qui agit envers ceux qui ne le méritent pas. La dépendance de Christ accorde à son ministère de grâce une grande puissance. Par cette puis-sance, il peut en envoyer d’autres et les revêtir de puissance pour le témoignage. La grâce ras-semble les âmes autour de l’Homme Christ Jésus. Quel amour a découlé sans cesse de sa per-sonne ! Son amour était un fleuve qui, lorsqu’il rencontrait des barrières sur sa route, ne pou-vait que déborder pour les vaincre. Et enfin, ce fleuve d’amour infini a atteint la croix du cal-vaire, d’où ses ondes bienfaisantes se répandent librement sur le monde entier.

CHRIST ET LES GENTILS

« Et l’esclave d’un certain centurion, à qui il était cher, était malade et s’en allait mourir… Dis une parole, et mon serviteur sera guéri. Car moi aussi je suis un homme place sous l’autorité d’autrui, ayant sous moi des soldats ; et je dis à l’un : Va, et il va ; et à un autre : Viens, et il vient ; et à mon esclave : Fais cela, et il le fait. Et Jésus, ayant entendu ces choses, l’admira ; et se tournant vers la foule qui le suivait, il dit : Je vous dis que je n’ai trouvé, même en Israël, une si grande foi. Et ceux qui avaient été envoyés, s’en étant retournés à la maison, trouvèrent bien portant l’esclave malade » (Luc VII, 1-10.)

Dans ce centurion habite le principe de la foi, c’est un exemple frappant de la grâce s’exerçant envers un gentil. C’est une foi vivante, une foi telle que même en Israël, Christ n’en avait pas trouvé de semblable. Le centurion a une haute idée de la personne de Christ et de sa puissance, et il est très petit à ses propres yeux. Il reconnaît en Lui la puissance de Dieu en amour et en grâce. La simplicité de son cœur est aussi évidente que la grandeur de sa foi. De plus en plus, Christ, le Fils de l’Homme, devient dans l’évangile selon Luc, la lumière qui éclaire les nations.

LA GLOIRE DU FILS DE L’HOMME

« Je voyais dans les visions de la nuit, et voici quelqu’un comme un fils d’homme vint avec les nuées des cieux, et s’avança jusqu’à l’Ancien des jours, et on le fit approcher de Lui. Et on lui donna la domination et l’honneur et la royauté » (Daniel VII, 13.)

« Car quiconque aura honte de moi et de mes paroles, le Fils de l’Homme aura honte de lui quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges » (Luc IX, 26.)

« Et il arriva, environ huit jours après ces paroles, qu’il pris avec lui Pierre et Jacques et Jean, et qu’il monta sur une montagne pour prier. Et comme il priait, l’apparence de son visage devint tout autre, et son vêtement devint blanc et resplendissant comme un éclair ; et voici, deux hommes qui étaient Moïse et Élie, parlaient avec lui, lesquels, apparaissant en gloire, parlaient de sa mort qu’il allait accomplir à Jérusalem » (Luc IX, 28-31.)

Après avoir reçu de la bouche de Pierre le témoignage le reconnaissant comme le Christ de Dieu, Jésus montre par quel chemin le fils de l’Homme sera couronné de gloire. C’est le chemin du rejet et de la crucifixion. Cependant il ressusciterait le troisième jour, et serait couronné de gloire et d’honneur.

Dans la transfiguration, nous avons une anticipation de cette gloire. C’est à la suite de sa prière qu’il est transfiguré. Et dorénavant une seule pensée domine en son esprit : sa crucifixion. Celui en qui toute la justice divine et la perfection humaine étaient concentrées, doit mourir dans le monde qu’il est venu sauver. C’est là que le vrai caractère de l’humanité est dévoilé dans ce seul acte : « Vous avez mis à mort le Prince de la vie » (Actes III, 15.) Descendant de la montagne de la transfiguration, Christ a affaire, d’une manière symbolique avec les démons. La gloire du Fils de l’Homme est la défaite de Satan, le prince de ce monde. Il sera lié, sa puissance sera abolie, non seulement pour la foi, comme elle l’est maintenant, mais bientôt en réalité, lorsque Christ reviendra dans Sa gloire !

GETHSÉMANÉ

« Et sortant, il s’en alla, selon sa coutume, à la montagne des Oliviers, et les disciples aussi le suivirent. Et quand il fut dans ce lieu-là, il leur dit : Priez que vous n’entriez pas en tentation. Et il s’éloigna d’eux lui-même environ d’un jet de pierre, et s’étant mis à genoux, il priait disant : Père, si tu voulais faire passer cette coupe loin de moi ! Toutefois, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne, qui soit faite. Et un ange du ciel lui apparut, le fortifiant. Et étant dans l’angoisse du combat, il priait plus instamment ; et sa sueur devint comme des grumeaux de sang découlant sur la terre. Et s’étant levé de sa prière, il vint vers les disciples, qu’il trouva endormis de tristesse ; et il leur dit : Pourquoi dormez-vous ? Levez-vous et priez afin que vous n’entriez pas en tentation » (Luc XXII, 39-46.)

Dans le jardin de Gethsémané, nous contemplons Jésus Christ comme l’Homme dans l’épreuve. Dans cette terrible tentation, il veille et prie, exposant toutes choses devant le Père, exprimant plein de soumission, le désir d’accomplir Sa volonté. Combien le Seigneur était parfaitement homme et en cela il a besoin d’un ange pour le fortifier ; le combat de son âme était trop intense. Les profondeurs de souffrance qu’il prévoit dans son esprit le poussent à prier plus instamment. Le résultat de sa pleine communion avec le Père est qu’il se voit en face de toute la puissance du mal. Il prévoit si vivement les douleurs à travers lesquelles il doit passer que son corps en est influencé : sa sueur devient comme des grumeaux de sang. Tout en étant en agonie, il dit toujours : « Père. » Il est, et il parle dans sa relation de Fils, non pas encore comme victime devant Dieu, mais comme Celui qui souffre en esprit, sentant toutes les profondeurs des eaux à travers lesquelles il doit passer, mais criant du sein de cette profondeur vers son Père. La souffrance à la croix est autre chose : le jugement de Dieu contre le péché. Après avoir lutté devant Dieu, il est calme devant les hommes. Quelle image de l’Homme et quelle image de Dieu lorsque nous regardons le Christ en Gethsémané.

LE TRIBUNAL ET LA CRUCIFIXION

« Mais c’est ici votre heure, et le pouvoir des ténèbres… Et quand le jour fut venu, le corps des anciens du peuple, les principaux sacrificateurs et les scribes, s’assemblèrent et ils l’amenèrent dans leur sanhédrin, disant : Si toi, tu es le Christ, dis-le nous ? Et il leur dit : Si je vous le di-sais, vous ne le croiriez point ; et si je vous interroge, vous ne me répondrez point ou ne me lais-seriez pas aller. Mais désormais le Fils de l’Homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu. » (Luc 22, 53.)

« Et Pilate prononça que ce qu’ils demandaient fût fait. Et il relâcha celui qui, pour sédition et pour meurtre, avait été jeté en prison, lequel ils demandaient : et il livra Jésus à leur volonté. Et quand ils furent venus au lieu appelé Crâne, ils le crucifièrent là, et les malfaiteurs, l’un à la droite et l’autre à la gauche. Et Jésus dit : Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font… Or il était environ la sixième heure, et il y eut des ténèbres sur tout le pays jusqu’à la neuvième heure ; et le soleil fut obscurci ; et le voile du temple de déchira par le milieu. Et Jésus, criant à haute voix, dit : Père ! entre tes mains je remets mon esprit. Et ayant dit cela, il expira » (Luc XXII, 66-69.)

En Gethsémané, il a reçu la coupe de la main du Père et maintenant les hommes en fureur peuvent continuer leur sinistre besogne. Il peut leur dire : « C’est ici votre heure et le pouvoir des ténèbres » (Luc XXIII, 53.) Les hommes ne veulent pas de Lui et Dieu les laisse faire. Christ donne sa vie ; car la vie pour eux ne pouvait être obtenue que par un Christ mort et ressuscité. « À moins que le grain de blé tombant en terre ne meure, il demeure seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit » (Jean XII, 24.) Luc accentue, plus que Matthieu et Marc les souffrances du Seigneur en Gethsémané ; il montre les terreurs produites sur l’homme parfait à la vue de la mort.

Par contre, Luc fait moins ressortir les souffrances de la croix ; il ne montre pas comme les deux premiers évangélistes, la victime expiatoire. Il n’est pas question de l’abandon de Dieu qui eut lieu durant les trois heures de ténèbres où se fit l’expiation du péché, mais Luc proclame les résultats de cette œuvre. Il mentionne simplement les ténèbres puis, comme leur succédant immédiatement, le fait que le voile du temple se déchira. Les Juifs et les Gentils s’accordent dans leurs moqueries au sujet du crucifié ; cependant Dieu avait, même ici, préparé de la consolation pour Jésus dans la conversion d’un pauvre pécheur. Le paradis est ouvert pour le pécheur repentant.

L’expiation s’accomplit au sein des ténèbres. Le pécheur nettoyé de ses souillures par la foi en cette œuvre, entre directement dans la présence de Dieu qui est lumière : « ayant une pleine liberté pour entrer dans les lieux saints par le sang de Jésus, par le chemin nouveau et vivant qu’il nous a consacré à travers le voile, c’est-à-dire sa chair » (Hébreux X, 20.) Combien est lu-mineux le côté de Dieu dans cette scène où, chez l’homme règnent les ténèbres.

« Et le soleil fut obscurci, et le voile du temple se déchira par le milieu » (Luc XXIII, 45.) Ainsi le chemin vers le saint des saints fut ouvert pendant les plus profondes ténèbres, et la lumière de Dieu, la lumière de la grâce par le sacrifice de Christ jeta des rayons éclatants sur un monde de ténèbres ; l’accès au sanctuaire fut ouvert. Tout était accompli, et le Seigneur cria d’une voix forte : « Père, entre tes mains je remets mon esprit » (Luc XXIII, 46.)

Cette voix forte est un témoignage remarquable à la parfaite humanité du Seigneur. Il ne se trouvait en Lui aucun principe de moralité ; il n’aurait jamais pu mourir par une influence ex-térieure. Sa mort n’était point la conséquence de sa faiblesse, mais cette manière de mourir en criant à haute voix était la preuve qu’il donnait volontairement sa vie comme acte de puissance divine.

Ainsi, il a vaincu la mort, et il peut confier son esprit en sécurité entre les mains de son Père. Par la mort de Jésus, la mort a été dépouillée de sa puissance. Ensuite les prophéties s’accomplissent, et son corps est mis dans un sépulcre neuf, car : « Il a été avec le riche dans sa mort » (Ésaïe L, 9.)

LA RÉSURRECTION

« Or, le premier jour de la semaine, de très grand matin, elle vinrent au sépulcre apportant les aromates qu’elles avaient préparés. Et elles trouvèrent la Pierre roulée de devant le sépulcre. Et étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus. Et il arriva comme elles étaient en grande perplexité à ce sujet que voici deux hommes se trouvèrent avec elles, en vêtements éclatants de lumière ; et comme elles étaient épouvantées et baissaient le visage contre terre, ils leur dirent : Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant ? Il n’est point ici, mais il est ressuscité » (Luc XXIV, 1-6.)

Ce qui, dans le dernier chapitre occupe l’évangéliste Luc, c’est l’Homme ressuscité, confiant à ses disciples le témoignage à rendre dans le monde, témoignage fondé sur la résurrection ; cette nouvelle vérité et cette puissance nouvelle qui dépasse tous les principes de la vie naturelle. Par la croix, la porte est fermée pour tout ce qu’est l’homme dans la chair et une chose toute nouvelle est introduite dans ce Christ ressuscité. Le corps du croyant reste le même ici-bas, mais la vie, le caractère, les motifs, les moyens, la fin sont tout à fait nouveau pour chaque chrétien.

« Les choses vieilles sont passées, voici toutes choses sont faites nouvelles » (2 Corinthiens V, 17.) Les femmes et les disciples cherchent encore parmi les morts Celui qui est vivant, mais sa grâce dissipe bientôt leur ignorance et leur incrédulité. Il agit de même envers les disciples sur le chemin d’Emmaüs, en leur montrant, dans les Écritures, ce qui était écrit de Lui : la pensée de Dieu concernant Christ. Cette pensée les sortait de leurs pensées étroites d’Israélites, pour leur communiquer une vision et une vie nouvelle et céleste.

« Ne fallait-il pas que le Christ souffrit ces choses et qu’il entrât dans sa gloire ? » (Luc XXIV, 26.) Non pas comme ils le pensaient, pour établir son règne ici-bas, mais pour entrer « dans sa gloire. » Tout ce qu’il y avait dans l’homme comme enfant d’Adam était sous la sentence de la mort et du jugement. Christ, par sa grâce, se mit là où l’homme était. Il vint là où je suis moi, pauvre pécheur. Nous étions morts dans nos fautes et nos offenses, et Christ est entré dans la mort. Un pécheur mort ne peut donc trouver la vie et la faveur divine que dans un Christ mort et ressuscité.

Christ est ressuscité dans un corps qui avait de la chair et des os, c’était cependant un corps spirituel. Il est le dernier Adam, et tous ceux qui croient en Lui sont ressuscités avec Lui. Non seulement il a ôté nos péchés, mais il nous accorde la puissance de sa résurrection en face de la puissance du péché, en vue d’une victoire de communion constante.

Dans la puissance du Saint Esprit, qui donne la conscience d’une vie nouvelle, le croyant peut et doit mortifier ses membres qui sont sur la terre, c’est-à-dire appliquer la mort de Christ à sa vieille nature. Dans la résurrection, Christ est vraiment homme ; il montre les meurtrissures à ses mains et à ses pieds et demande qu’on lui donne à manger. Quel réconfort pour l’homme de savoir qu’un Homme a été victorieux de la mort et que par cet Homme nous participons à cette victoire !

L’ASCENSION ET LA PROMESSE

« Et vous, vous êtes témoins de ces choses ; et voici, moi j’envoie sur vous la promesse de mon Père. Mais vous, demeurez dans la ville, jusqu’à ce que vous soyez revêtus de puissance d’en haut.

Et il les mena dehors jusqu’à Béthanie et, levant les mains en haut, il les bénit. Et il arriva qu’en les bénissant, il fût séparé d’eux, et fut élevé dans le ciel. Et eux, lui ayant rendu hommage, s’en retournèrent à Jérusalem avec une grande joie. Et ils étaient continuellement dans le temple, louant et bénissant Dieu » (Luc XXIV, 48-53.)

Deux vérités caractérisent la dispensation actuelle. La première est, qu’il y a un Homme glori-fié dans le ciel ; la seconde est, celle de la présence du Saint Esprit sur la terre. La grande nouvelle d’un Christ crucifié et ressuscité doit être divulguées au loin jusqu’aux Gentils. La croix a rompu l’alliance avec les Juifs et a ouvert la porte de la repentance et de la rémission des péchés, d’abord aux Juifs et ensuite aux Gentils. Mais pour la prédication de cet évangile, une puissance est nécessaire, celle du Saint Esprit.

La puissance d’en haut, le Saint Esprit, ne pouvait être reçue qu’après l’ascension et l’exaltation de Jésus. Jésus, l’homme exalté, a envoyé le Saint Esprit pour rendre témoignage à Sa gloire.

Depuis que les apôtres ont été remplis du Saint Esprit, un témoignage continuel est rendu sur la terre à l’Homme céleste, Chef et Époux de l’Église des rachetés. C’est Lui, le Fils de l’Homme glorifié, dont le nom est exalté au-dessus de tout nom, qui attend le jour où il verra autour de Lui, le fruit de son humiliation et de sa mort. Le Saint Esprit forme les affections de l’Église pour qu’elle désire toujours plus voir son Époux face à face, et être unie à Lui dans toute sa gloire et sa beauté.