Summary: Tension entre la liberté et l’ordre que l’Ecriture enseigne

ORDRE ET/OU LIBERTE ?

Avant toute chose, il faut rappeler que le Saint-Esprit est créatif et qu’il est aussi à la base de la libération que nous avons expérimentée en Christ.

2 Corinthiens 3/17 : « Or, le Seigneur c’est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. »

1 Corinthiens 14/33 : « car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. »

LECTURE

1 Corinthiens 14/26-40 : « Que faire donc, frères ? Lorsque vous vous assemblez, les uns ou les autres parmi vous ont-ils un cantique, une instruction, une révélation, une langue, une interprétation, que tout se fasse pour l’édification.

27 En est-il qui parlent en langue, que deux ou trois au plus parlent, chacun à son tour, et que quelqu’un interprète ;

28 s’il n’y a point d’interprète, qu’on se taise dans l’Église, et qu’on parle à soi-même et à Dieu.

29 Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent ;

30 et si un autre qui est assis a une révélation, que le premier se taise.

31 Car vous pouvez tous prophétiser successivement, afin que tous soient instruits et que tous soient exhortés.

32 Les esprits des prophètes sont soumis aux prophètes ;

33 car Dieu n’est pas un Dieu de désordre, mais de paix. Comme dans toutes les Églises des saints,

34 que les femmes se taisent dans les assemblées, car il ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient soumises, selon que le dit aussi la loi.

35 Si elles veulent s’instruire sur quelque chose, qu’elles interrogent leurs maris à la maison ; car il est malséant à une femme de parler dans l’Église.

36 Est-ce de chez vous que la parole de Dieu est sortie ? ou est-ce à vous seuls qu’elle est parvenue ?

37 Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré, qu’il reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur.

38 Et si quelqu’un l’ignore, qu’il l’ignore.

39 Ainsi donc, frères, aspirez au don de prophétie, et n’empêchez pas de parler en langues.

40 Mais que tout se fasse avec bienséance et avec ordre. »

I. LE PARLER EN LANGUES

Quelques observations :

Dans 1 Corinthiens 14, Paul, et par là même le Saint-Esprit, nous donnent des conseils utiles pour l’expression des dons spirituels. Il semble, à la lecture du texte, que les Corinthiens, étaient des gens qui parlaient en langues si souvent pendant le culte qu’ils en oubliaient les autres dons.

Il n’est pas question d’empêcher quiconque de parler en d’autres langues selon que l’Esprit nous donne de nous exprimer :

1 Corinthiens 14/5 : « Je désire que vous parliez tous en langues, mais encore plus que vous prophétisiez. Celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n’interprète, pour que l’Église en reçoive de l’édification. »

Mais il conseille à ceux qui exercent ce don de prier pour pouvoir l’interpréter.

Le mot-clé à souligner ici, c’est édifier ; Paul voulait que les dons se manifestent de fa-çon à édifier l’Eglise toute entière.

Il parle ici de ce qui vaut mieux pour le rassemblement de l’Eglise en expliquant qu’il est égoïste d’utiliser le temps de l’assemblée pour édifier une seule personne, ce que celle-ci pourrait faire dans son culte personnel. Il dit cela parce qu’une personne qui parle en langues ne s’adresse pas aux hommes mais à Dieu

1 Corinthiens 14/2 : « En effet, celui qui parle en langue ne parle pas aux hommes, mais à Dieu, car personne ne le comprend, et c’est en esprit qu’il dit des mystères. ».

Personne ne peut la comprendre. Elle rend, il est vrai, d’excellentes actions de grâces, mais elle dit des mystères en esprit, ne s’édifiant qu’elle même.

Il explique aussi que le don des langues interprété édifie autant que la prophétie mais est différent. Il peut apporter une édification et révélation, une connaissance...

En d’autres mots, il faut exercer les dons avec maturité, ordre, amour, pour qu’ils mani-festent le désir du Saint-Esprit.

A. 1 Corinthiens 14/4 : « Celui qui parle en langue s’édifie lui-même ; celui qui prophétise édifie l’Église. »

Les langues sont un merveilleux moyen que Dieu nous donne pour nous édifier, même si les autres ne comprennent pas ce que nous disons. D’où la nécessité de parler en langues.

B. 1 Corinthiens 14/5 : « Je désire que vous parliez tous en langues, mais encore plus que vous prophétisiez. Celui qui prophétise est plus grand que celui qui parle en langues, à moins que ce dernier n’interprète, pour que l’Église en reçoive de l’édifica-tion. »

Elles sont un moyen d’édification pour l’Eglise quand il y a un interprète. C’est le con-texte des dons vocaux : langues + interprétation.

C. 1 Corinthiens 14/22 : « Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants ; la prophétie, au contraire, est un signe, non pour les non-croyants, mais pour les croyants. »

Elles sont un signe pour les incroyants.

D. 1 Corinthiens 14/14-15 : « Car si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence demeure stérile. Que faire donc ? Je prierai par l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence ; je chanterai par l’esprit, mais je chanterai aussi avec l’intelligence. »

Elles peuvent être utilisées pour prier et chanter à Dieu et, dans ce cas, elles n’ont pas besoin d’être interprétées. Quand le Saint-Esprit le pousse, il va chanter en langues. En grec cela signifie chanter avec un accompagnement musical, cela veut certainement dire que les musiciens étaient aussi dirigés par l’Esprit.

Quelques principes d’ordre :

Dans l’épître aux Corinthiens, Paul donne quatre règles précises en 1 Corinthiens 14/27 : « En est-il qui parlent en langue, que deux ou trois au plus parlent, chacun à son tour, et que quelqu’un interprète »

A. Limiter l’expression du don des langues à deux ou trois.

B. Les messages en langues doivent être donnés tour à tour.

C. Il faut interpréter, donc après le message en langues, il est nécessaire de laisser du temps pour que la personne donne l’interprétation ou, si elle n’a pas l’interprétation, qu’un interprète le fasse.

D. S’il n’y a pas d’interprète, alors qu’on se taise et que l’on parle à soi-même et à Dieu.

II. LA PROPHETIE

Les prophètes ne doivent pas donner libre cours à leur don, mais ils doivent aussi ac-cepter les directives sur l’emploi des dons.

A. Deux ou trois prophètes parlent.

B. Ensuite il faut juger, dans le sens d’évaluer et de peser les conclusions que cela amène.

C. Si pendant qu’une personne apporte une prophétie et que quelqu’un d’autre a reçu une ré-vélation, alors le premier doit se taire. L’amour ne permettra à personne de monopoliser tout le temps.

L’ordre, mais pas au sens militaire....

A. Dans tous les cas, Paul enseigne la modération et l’autodiscipline. Nous sommes donc chacun responsable de la manière dont les dons sont exercés dans l’église. Il peut y avoir plus de deux ou trois dons, cela ne signifie pas pour autant que le quatrième don sera charnel et pas de l’Esprit.

B. D’autre part, se reposer sur une liturgie établie, c’est tellement plus sécurisant, surtout pour le pasteur ou les anciens, que de faire confiance au Saint-Esprit.

Tout semble réglementé dans nos réunions, au point que l’on peut à l’avance « prédire » ce qui va suivre. Et cela, il faut le dire, finit par tuer la spontanéité et la fraîcheur de la pré-sence de l’Esprit. La liturgie (c’est-à-dire la façon dont nos réunions se déroulent : deux ou trois cantiques, une prière, trois cantiques, la prédication, la prière pour les malades, etc... qui n’est pas inscrite sur un livre de liturgie mais que nous pratiquons tous plus ou moins de façon tacite...) que nous utilisons n’a pas de base biblique, elle n’est pas mauvaise à la condition toutefois qu’elle laisse une grande liberté d’expression au Saint-Esprit.

Il faut dire aussi que la forme de nos réunions, et même la disposition de nos églises, laissent à penser que tout vient de l’estrade et va vers la communauté, alors que tous peuvent participer à l’édification par l’exercice des dons,

... jusqu’au don des guérisons, d’opérer des miracles, la parole de connaissance, la parole de sagesse, la révélation, le don de la foi, etc...,

... et les autres, qui sont moins spectaculaires, tels l’administration, la présidence, l’exercice de la miséricorde, le don de la libéralité.

Paul nous donne des directives quant à l’exercice des dons spirituels, mais nous n’avons parlé que du don des langues et de la prophétie ; il y a tous les autres dons qui doivent trouver leur expression.

Remarquez qu’il n’est écrit nulle part qu’il faut que tous les dons s’expriment dans une rencontre de l’assemblée pour qu’elle soit bénie.

L’exercice des dons spirituels n’est, d’ailleurs à ce compte, certainement pas réservé à certaines réunions de l’Eglise, comme à une certaine époque où on nous affirmait qu’il ne fallait pas que des incroyants viennent au culte (remarque sur : culte, réunion d’évangélisation, réunion de prière, réunion d’étude biblique, etc...).

C. Liberté, mais pas prétexte à toutes sortes de débordements. La liberté n’est pas, à l’égard des choses de l’Esprit, faire ce que l’on veut, mais plutôt se restreindre uniquement à ce que veut le Saint-Esprit.

Une étude plus approfondie de la place du Saint-Esprit chez les apôtres dans le livre des Actes des apôtres serait instructive. Leurs déplacements, choix de personnes, temps d’évangélisation ont été décidés d’un commun accord avec le Saint-Esprit.

La liberté c’est le Seigneur, et tant que nous laisserons la première place au Saint-Esprit, il y aura une abondante manifestation de la vie de l’Esprit au milieu de nous.

III. POINTS DE TENSION

A. La vie charismatique dérange le ministère établi dans le sens où il semble que, hors les mi-nistères, l’Eglise ne peut pas être édifiée. Il semble alors que le Saint-Esprit passe « par-dessus » les leaders de l’Eglise pour édifier le corps de Christ.

Si quelqu’un a reçu un don et ne peut l’exercer dans le cadre de l’Eglise parce que cela ne plaît pas au pasteur ou au diacre ou encore à l’ancien, ces hommes supplantent l’autorité du Saint-Esprit dans l’Eglise.

Cette attitude est souvent un relent de catholicisme où l’on considère le prêtre, et donc aussi le pasteur, comme l’intermédiaire entre Dieu et la communauté. Mais cette vision de l’Eglise est erronée. Il est bien spécifié que l’Esprit distribue ses dons à qui il veut et pas seu-lement au pasteur...

B. Le deuxième domaine de tension qui peut exister se trouve au niveau de l’Eglise, surtout quand on met en exergue ceux qui exercent les dons, ce qui d’ailleurs leur donne une notoriété apparente et charnelle.

Le prophète, le faiseur de miracles, etc..., ne sont rien de plus que les autres pour la simple raison, comme nous l’avons «expliqué plus avant, que les dons sont justement des cha-rismes, donc qu’ils ne représentent d’aucune manière une reconnaissance méritoire. Les dons spirituels exercés par des personnes ne placent pas celles-ci au-dessus de la mêlée quant aux tentations et aux faiblesses. Ils ne sont pas des médailles décernées par mérite, mais bien des cadeaux immérités, preuves de l’amour sans mesure de Dieu à notre égard.

CONCLUSION

Entrons « dans la liberté glorieuse des enfants de Dieu » et laissons de côté les désirs charnels de paraître et d’être vus ou entendus dans l’Eglise quand le Saint-Esprit nous de-mande de rester à l’écoute.

La vie de l’Esprit n’est pas une expérience statique, elle est active en nous et elle nous « transforme de gloire en gloire »...

Nous restons trop souvent sur des acquis et nous ne voulons plus avancer ; pourtant je suis convaincu que nous sommes un mouvement de l’Esprit... Et dans un mouvement, il doit y avoir du mouvement, autrement c’est la tradition qui s’installe !